Prendre soin de son apparence : Rencontre avec une socio-esthéticienne engagée
Laetitia, redonne aux patientes et patients traités pour un cancer bien plus qu’un soutien esthétique : elle répare l’estime de soi. Spécialisée dans les soins socio-esthétiques à toutes les étapes du cancer — de l’annonce de la maladie, pendant les traitements, et après leur arrêt —, elle transforme chaque séance en un moment de réconfort, là où la maladie laisse des traces physiques et psychologiques. Maquillage pour redessiner un sourcil ou le contour d’un regard, massages pour apaiser les effets secondaires des traitements, elle maîtrise la science délicate du toucher et les gestes qui soulagent. À l’écoute des fragilités invisibles, elle devient un soutien clé pour les équipes soignantes, apportant confiance et sérénité à celles et ceux qui luttent pour leur dignité et leur reconstruction. « Prendre soin de soi est déjà une volonté de guérison, un acte essentiel dans le cheminement vers la résilience ».

Pour Laetitia, chaque geste est une manière de redonner à l’autre la confiance et l’amour de soi, quel que soit l’âge, ou le parcours de vie.

Bonjour Laetitia, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ? Quel a été le déclic pour vous orienter vers la socio-esthétique dans le domaine de l’oncologie ? Y a-t-il eu une expérience personnelle ou professionnelle marquante ?
Bonjour, je suis socio-esthéticienne et ancienne maquilleuse professionnelle. Après une formation au CODES – Cours d’esthétique option humanitaire et sociale -, j’ai d’abord travaillé en EHPAD avec des personnes atteintes de maladies comme celle d’Alzheimer. Puis, l’oncologie m’a permis de mettre mon expertise de la beauté au service des patients, en leur offrant des soins adaptés aux effets secondaires des traitements. Mon parcours est guidé par l’envie d’apporter du bien-être à ceux qui en ont le plus besoin, avec une approche humaine et sensorielle.
Concernant la rencontre marquante, elle a eu lieu lors d’une fête où j’ai maquillé des enfants et aidé une femme à redessiner ses sourcils après l’annonce de sa maladie. Cette rencontre a marqué le début de mon engagement en socio-esthétique, orienté vers le secteur médical.
Dans quels établissements ou structures intervenez-vous actuellement ? Y a-t-il des collaborations avec des centres médicaux ou des hôpitaux spécifiques ?
J’ai commencé en tant que socio-esthéticienne dans des services de médecine interne et de chimiothérapie, où j’accompagnais des patients, parfois en fin de vie. J’ai aussi travaillé en EHPAD, dans une maison des aidants, et auprès d’associations. Aujourd’hui, j’interviens également sur la prévention auprès de jeunes de 16 à 25 ans, via la socio-esthétique et la sophrologie, pour les aider à mieux gérer leur hygiène de vie, leur stress et leurs addictions, toujours avec bienveillance.
Comment se passe la collaboration avec les équipes soignantes dans les établissements où vous intervenez ? Quelle est l’importance de ce lien pour offrir le meilleur accompagnement possible aux patientes ?
La socio-esthétique en oncologie repose sur une collaboration étroite avec les équipes pluridisciplinaires, comme les oncologues, infirmiers et psychologues. Cette approche intégrée permet de mieux répondre aux besoins spécifiques des patients, notamment face aux effets secondaires des traitements. En travaillant ensemble, nous contribuons à restaurer l’estime de soi, malgré la perte des cheveux ou les changements physiques.
Comment se déroule une séance avec vous ? Quels sont les soins que vous proposez aux femmes en traitement ou en rémission ?
Pendant les séances de socio-esthétique en oncologie, l’objectif est de recréer un lien entre le corps et l’esprit, souvent perturbé par les traitements lourds comme la chimiothérapie. C’est un moment d’échange et de relaxation où je propose des modelages doux pour apaiser le visage, les mains ou les pieds, des zones propices au lâcher-prise. Ces soins aident les patientes à se ressourcer, retrouver confiance et rétablir l’harmonie avec leur corps, pendant et après les traitements.

Lorsqu’une patiente est en traitement ou en post-traitement, les changements physiques peuvent être déstabilisants. Quels conseils donnez-vous aux femmes pour qu’elles se sentent belles malgré les effets secondaires des traitements ?
Les séances de socio-esthétique en oncologie visent à redonner aux patientes un sentiment de bien-être et répondre à leurs attentes spécifiques liées aux changements physiques provoqués par la chimiothérapie. Dès le début des traitements, ou même lors de l’annonce de la maladie, un accompagnement est proposé pour atténuer les effets secondaires : perte des cheveux, dessèchement de la peau, troubles du sommeil, entre autres. À travers des conseils pratiques et des astuces beauté, les patientes apprennent à redessiner leurs sourcils ou à choisir une perruque, un foulard, ou encore à hydrater leur cuir chevelu.
En plus des soins esthétiques, ces moments offrent une véritable parenthèse de détente grâce à des modelages non thérapeutiques, permettant un relâchement physique et mental. Les mains et les pieds, riches en terminaisons nerveuses, sont particulièrement travaillés pour favoriser un lâcher-prise. Cette approche holistique contribue à une meilleure gestion de l’image corporelle, souvent altérée par les traitements. Enfin, en s’hydratant régulièrement et en utilisant des produits doux adaptés, les patientes peuvent prendre soin de leur peau fragilisée. Ces moments privilégiés aident à restaurer la confiance en soi, essentielle pour traverser la maladie et se projeter au-delà des traitements.
Quelles sont les astuces beauté incontournables que vous recommandez pour préserver la peau et les ongles pendant cette période ?
Pour prendre soin de soi pendant les traitements de chimiothérapie, l’hydratation du visage et du corps (notamment des mains et des pieds) est essentielle, car ces zones peuvent être particulièrement affectées. Certains traitements peuvent endommager les ongles, et il est donc crucial de poser des questions à l’équipe médicale sur les précautions à prendre.
Pour protéger les ongles, il est recommandé d’appliquer une base protectrice, suivie de deux couches de vernis foncé, afin de les protéger des rayons UV qui peuvent causer leur noircissement et leur chute. Si le vernis n’est pas supporté, des bases transparentes protectrices peuvent être utilisées, même si elles nécessitent une application régulière. En ce qui concerne le maquillage, une blemish balm crème ou un fond de teint léger hydratant peut apporter une touche de luminosité, tandis qu’un blush léger abricoté et des nuances douces pour les yeux peuvent rehausser l’éclat du regard sans effet de surcharge. Enfin, l’hydratation des lèvres est primordiale, et un rouge à lèvres nourrissant peut apporter confort et couleur, contribuant ainsi à maintenir une bonne image de soi pendant et après la maladie.
« Le syndrome mains-pieds », est une épreuve supplémentaire pour les patientes en traitement du cancer : comment gérez-vous cet effet secondaire douloureux, qui affecte la peau des paumes des mains et des plantes des pieds, et proposez-vous des soins pour soulager ces zones si sensibles ?
Oui, le syndrome mains-pieds peut en effet être très douloureux. Prenez soin de vos mains et de vos pieds avant même le début des traitements ! Nourrissez-les régulièrement avec des crèmes hydratantes et protégez-les du froid avec des gants. Lavez-vous les mains avec douceur, en utilisant de l’eau et du savon, et n’oubliez pas de bien les sécher pour éviter la sécheresse. Avant de vous coucher, appliquez une crème émolliente généreuse, et pour un effet optimal, enfilez des chaussettes pour la nuit ! Et si la sécheresse devient trop intense, un film alimentaire peut aider la crème à pénétrer, tout en vous permettant de vous détendre devant un bon film. Prendre soin de soi, c’est essentiel, alors chouchoutez-vous !
Comment les soins de socio-esthétique contribuent-ils à restaurer la confiance en soi ? Quels sont les retours des patientes après leurs séances ? Y-a-t-il eu un témoignage de patiente qui vous a particulièrement émue ?
L’annonce de la maladie peut frapper comme un tsunami. Les traitements, souvent éprouvants, exigent beaucoup d’énergie. C’est ici qu’interviennent les soins de socio-esthétique, offrant des moments de douceur et de réconfort. Je garde en mémoire le témoignage d’une jeune patiente qui après avoir perdu ses cheveux et traversé une période de grande fatigue, a participé à un atelier de maquillage. Au départ, elle se sentait découragée, mais grâce à des conseils bienveillants, elle a redécouvert son éclat. À la fin de l’atelier, elle rayonnait, exprimant un désir de se maquiller plus souvent. Ces soins permettent aux patientes de renouer avec leur féminité, d’apporter de la lumière dans leur vie, et de retrouver l’envie de sourire. En fin de compte, la socio-esthétique n’est pas qu’une question d’apparence, mais un véritable retour à soi.
On imagine que votre métier demande une grande empathie et une approche très humaine. Comment gérez-vous l’aspect émotionnel de votre travail, aussi bien pour les patientes que pour vous-même ?
Le métier de socio-esthéticienne repose sur une grande empathie et une approche humaine, essentielles pour accompagner les patients dans des moments difficiles. Travaillant en équipe pluridisciplinaire, il est crucial de connaître ses limites et de se référer à d’autres professionnels pour répondre au mieux aux attentes des patients. La supervision régulière est également indispensable pour gérer la charge émotionnelle et assurer un service de qualité, en respectant la déontologie à laquelle les patients ont droit. En résumé, c’est un métier riche en émotions, où l’écoute et le soutien jouent un rôle central dans le bien-être des patients.
Avez-vous un soin “chouchou” ou une technique qui fait des merveilles auprès de vos patientes ?
J’aime beaucoup pratiquer le modelage des mains, un massage léger qui favorise le lâcher-prise. Souvent surpris par cette technique simple, les patients découvrent une nouvelle façon de se reconnecter à leur corps, ressentant une harmonie et un équilibre bienvenus. Comme je suis également formée à la sophrologie, j’associe ce massage à des exercices de respiration, ce moment de détente aide à relâcher les tensions musculaires et à évacuer le stress. Ces instants précieux créent une bulle de bien-être, permettant aux patients de s’évader, même brièvement, de la réalité de la maladie.
Enfin, quels sont vos projets ou ambitions pour continuer à développer l’accompagnement des patientes à travers la socio-esthétique ?
Je tiens à vous remercier chaleureusement pour cette interview. J’espère que mes réponses apporteront un soutien aux personnes touchées par la maladie, ainsi qu’à leurs proches. Mon souhait est que la socio-esthétique soit intégrée dans tous les hôpitaux, notamment en oncologie, ainsi que dans les communautés, rurales et urbaines. Pour l’avenir, je désire continuer à transmettre ma passion pour ce métier et encourager d’autres à se lancer dans cette belle voie. Merci encore pour votre écoute !
Un grand merci à Laetitia pour cette rencontre enrichissante.
Grâce à son approche authentique et sensible de la socio-esthétique, elle offre aux patients un véritable refuge. Par sa présence attentive et ses gestes délicats, elle ravive l’estime de soi et tisse des liens sincères. Au travers d’attentions simples mais riches de sens, elle permet à chacun de retrouver sa dignité, créant un espace apaisant de réconciliation avec soi-même face aux épreuves de la maladie.